L’ambition : « Au sommet de l’échelle »

En silence, un coquelet piétinait d’impatience.

Il rêvait de se voir trôner au sommet du tas de fumier pour lancer un puissant cocorico.

Le croupion encore vierge, il flambait d’envie comme un cierge.

Chaque matin il se pressait au bas de l’échelle les yeux remplis de sommeil pour assister au lever du maître des lieux.

Dressée en ombre chinoise, couronnée par le soleil apparaissait la silhouette d’un coq majestueux.

La crête hérissée, il entonnait matinal à gorge déployée son chant magistral.

Toutes les poules en frissonnaient d’admiration.

Ce seigneur régnait en maître absolu et profitait des faveurs de toute la basse cour.

Un jour, cependant, un rusé renard parvint à pénétrer dans le poulailler.

Coups de becs, coups de griffes furent échangés sans ménagement.

Le coq résista avec panache.

L’intrus avait dû battre en retraite.

La couvée fut sauvée.

Au moment où le soleil se coucha, notre coq vaillant s’allongea pour une dernière fois.

Le lendemain, la charge revint à notre prétendant qui, depuis ces faits sanglants, n’en menait pas large sur ses prétentions.

« Au delà du rêve se trouve parfois une dure réalité. Le pouvoir est une charge qu’il faut avoir le courage de porter. »